Marie Chamant Paris, 1944
À la croisée des signes, des cultures et du langage
Marie Chamant plasticienne est née en 1944 à Paris. Elle étudie les arts plastiques à l’Atelier d’Art Sacré – Art Monumental, place Furstemberg à Paris. Très tôt engagée dans une pratique située à l’intersection de l’art, du social et du sacré, elle participe à la Biennale de Paris en 1963 et 1965 avec des projets collectifs liés aux champs religieux et sociaux : une action dans un bidonville avec l’architecte-sculpteur Didier Stéphant, puis, en 1967, le projet du Centre Poly Cultuel, un bâtiment interreligieux conçu avec les architectes-sculpteurs Les Simonnet et Bernard Turin.
Artiste-chercheuse autant que plasticienne, Marie Chamant développe une œuvre singulière où le langage devient matière, et le signe, territoire d’exploration. Dans ses livres d’artiste foisonnants et multicolores, les lettres se déploient dans toutes les directions : elles s’agrippent, dansent, se répètent ou s’effacent, dans un mouvement à la fois poétique, graphique et profondément symbolique. Sa pratique, qui défie les conventions de la lecture linéaire, s’inscrit dans une quête de sens nourrie par le désir de remonter aux origines des langages.
Diplômée en Histoire de l’art et Archéologie en 1970, elle rencontre l’architecte Alain Oudin au sein du Séminaire et Atelier Tony Garnier, dont ils sortent « certifiés » en urbanisme. Elle est ensuite chargée de mission artistique à l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) de 1971 à 1976 pour les secteurs des Halles, du bassin de la Villette et du canal Saint-Martin. Ensemble, ils fondent en 1978 la galerie Alain Oudin, devenue À l’Enseigne des Oudin, puis Fonds de dotation en 2015.
Son travail artistique, profondément ancré dans les dimensions sociale et spirituelle, interroge les fondements du langage et les conditions de sa transmission. De l’alphabet premier à l’Aleph, des idéogrammes chinois à l’hébreu ancien, elle explore les racines philosophiques et mystiques de l’écriture. Cette recherche prend souvent la forme de séries ou de collections, où chaque pièce devient un fragment d’une réflexion plus vaste sur la mémoire, le sacré et la coexistence.
Cette recherche trouve également un écho dans son engagement historique en faveur du dialogue interreligieux et culturel. Dès la fin des années 1960, Marie Chamant initie le projet Centre Poly Cultuel, avec la collaboration sculpturo-architecturale des Simonnet, exposé notamment au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (1967), à l’UNESCO (1969) et à la mosquée Adda‘Wa (1998), autour des notions de ville, du sacré, et de la coexistence des croyances.
Elle composera quinze livres d'artiste, consultables à la bibliothèque Kandinsky du Centre Pompidou et à l'Enseigne des Oudin, pour partie autobiographiques mais surtout attachés à des thèmes culturels, urbains, coupés (le mot coupé remplaçant le mot sacré), la naissance de l'écriture, les rituels du labyrinthe...
L’œuvre de Marie Chamant est ainsi traversée par une tension féconde entre formes libres et rigueur intérieure, entre exubérance visuelle et quête spirituelle. Une œuvre qui scande, questionne et relie — affirmant la création comme héritage culturel universel.
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Univeraube, 1971Voir plus de détails
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Croix brisée, Tondo f , 1988Voir plus de détails
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Croix brisée, Tondo J , 1988Voir plus de détails
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Croix brisée, Tondo l, 1988Voir plus de détails
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Croix brisée, Tondo n, 1988Voir plus de détails
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Lettre Arabe, Alif , 2000Voir plus de détails
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Lettre Arabe, Mîm, 1999 - 2000Voir plus de détails
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Lettre Arabe, Recherche pour AYN jaune , 1999 - 2000Voir plus de détails